lundi 28 février 2011

II- Les relations entre la franc-maçonnerie et les Eglises



          
La franc-maçonnerie est une association fraternelle rassemblant des hommes et des femmes aux  croyances très différentes. Elle a été façonnée par les pays et les sociétés dans lesquels elle évolue, cependant les diverses religions plus ou moins influentes de ceux-ci  n’ont pas toujours accueilli la franc-maçonnerie comme l’humble groupe de pensée qu’elle était. Les rapports entre la maçonnerie et la religion sont régis par divers principes. Ainsi une tenue n’est-elle pas un service religieux, il n’y a également ni Dieu, ni Diable, ni proposition en faveur d’un salut maçonnique. La franc-maçonnerie est néanmoins d’inspiration spirituelle, et certains la voient comme religieuse car elle relie les personnes par le biais du partage d’un idéal et qu’elle se réfère à un principe supérieur, qu’elle désigne par le terme de Grand Architecte de l’Univers.

a) Filiation entre les maçons et le judaïsme 
           
De tout temps, les juifs et les maçons  furent associés lors de diverses cabales. En effet, ils étaient de réels bouc émissaires notamment en temps de crise. Cette association est due en partie aux origines supposées de la franc- maçonnerie.

 Celle –ci est affiliée à Hiram l’architecte du temple de Salomon, bien que mythiques, ces origines perdurent notamment dans la symbolique maçonnique. En effet, les trois premiers degrés de la symbolique maçonnique sont centrés sur le symbolisme du temple de Salomon, qui est d’ailleurs au centre de la loge d’apprenti.  L’apôtre Paul a dit « Savez vous que vous êtes dans le temple de Dieu et que l’esprit de Dieu réside en vous ? ». Cette  parole est le fondement du symbolisme maçonnique du temple de Salomon.  Il faut des années pour bâtir cet endroit digne d’abriter l’esprit de Dieu,   il est le fruit du travail acharné de bâtisseurs ayant pour unique but d’atteindre la perfection. Une fois terminé, il est admiré par tous ceux qui sont en contact ave lui. Quand les Hébreux perdirent leur direction spirituelle, le Temple fut détruit, et les hommes sont pareillement détruits quand ils perdent leur direction spirituelle. Mais même après la disparition du temple, son souvenir continuait de vivre dans les cœurs  et la mémoire de qui l’ont vu, de même que les actions des hommes vertueux continuent de servir d’exemple après leur mort. Ainsi pour les francs-maçons, le temple de Salomon n’est considéré ni dans sa réalité historique, ni dans son acceptation religieuse, mais dans sa signification symbolique. Il est le temple de la paix, état vers lequel tendent tous les maçons. Il constitue également un rapport entre la maçonnerie et la communauté hébraïque. 

La Kabbale est une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par Dieu à Moïse sur le Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique » (la Torah). Pour son parcours initiatique, les francs-maçons avaient besoin d’un support – le rituel.
Les codificateurs à l’origine de ces rituels eurent eux-mêmes besoin de référence pour construire quelque chose de cohérent et c’est dans la Kabbale qu’ils sont allés puiser leur inspiration, il y a donc chez les maçons une influence judéo-chrétienne.

 L’idée de la construction ou reconstruction de l’être intérieur de l’homme nommé dans la Tradition kabbalistique « Temple intérieur » trouvait son symbole au travers de la magnificence du Temple de Salomon et dans les décors des Loges, on retrouve des symboles rappelant le Temple :
-Les Colonnes Jakhin et Bo’o, piliers portant certains noms des Séphiroth (Force, Sagesse et Beauté…)
-Le tapis de Loge, avec ses marches, la porte du temple
-Les 2 colonnes (à nouveau) J et B
-Des mots hébraïques jalonnant les  rituels (…)
 L’approche de la Kabbale n’est cependant pas une nécessité pour le Franc Maçon, mais lire les rituels avec des connaissances sur la Kabbale apporte un sens supplémentaire à l’initiation. Dans une lettre adressée à Jean Baptiste Willermoz, codificateur du Régime Ecossais Rectifié, Meunier de Précourt témoigne, en chercheur averti de l’intérêt qu’un Maçon responsable devrait porter à la science de la kabbale. Il écrit :
" Je ne sais si tu connais un Maçon qui en ait connaissance, c’est un trésor qui peut te donner une très grande et très ample intelligence." ou encore "Celui qui croit pouvoir comprendre la Franc-maçonnerie sans se référer à la Kabbale, fût-il porteur du tablier, n’en saura jamais grand chose "
 Les maçons sont donc appelés à rencontrer la Kabbale, s’il n’en font pas une nécessité c’est un choix, mais elle peut  apporter un sens non négligeable aux rituels.

            La conception de communauté rapproche la franc-maçonnerie du judaïsme, les persécutions qu’ont subies ces deux entités ont en effet accentué  l’importance de l’unité du groupe. Il s’agit de réseaux fermés, l’entrée dans ces deux communautés est très difficile et nécessite la plupart du temps un apprentissage rigoureux et difficile. La transmission est majoritairement orale donc difficilement pénétrable  pour les non-initiés. Ces deux groupes ont dû s’adapter au cours des siècle cela leur à donner une conception du monde similaire et plus universelle. Appartenir à la Franc-maçonnerie comme être juif implique  que l’on rejoint une grande fraternité, notamment dans le but de prendre conscience de la fraternité humaine de manière plus générale. La pratique de traditions très ancienne vise dans ces deux communautés à unir des hommes du monde entier par des expériences communes. Pour beaucoup, cette conception est un peu artificielle et utopique, mais cette appartenance permet souvent de franchir des barrières qui se placent entre nous et les autres. Néanmoins cette vison des choses peu avoir des conséquences assez néfastes, et des dérives regrettables, en opposition avec l’idéologie initiale de la maçonnerie ou du judaïsme. Le communautarisme et  la mise en place d’un réseau, ont longtemps alimenté le mythe, car il était entendu pour quantité de personnes, que ces communautés fermées essayaient de dominer le monde, en tentant de créer un groupe de personnes s’entraidant et prospérant au détriment de la majorité. De plus cette impression de rejet est accentuée par l’impénétrabilité de ces réseaux protégés, qui sont donc mystérieux et dangereux, car incontrôlables.

            La franc-maçonnerie flirte donc avec le judaïsme tant par ses origines mythiques qui font référence au temple de Salomon et plus précisément à la Kabbale, que par sa conception de l’entité communauté.

b) La franc-maçonnerie et la religion catholique
           
Les critiques d'origine religieuse sont très diverses selon les pays puisqu'elles dépendent des pratiques religieuses et maçonniques spécifiques à chacun d'entre eux. Il est cependant possible d'identifier quelques grandes lignes communes. La principale opposition religieuse date des origines de la franc-maçonnerie et provient de l'Église catholique qui considère qu'elle propage le relativisme en matière religieuse, c'est-à-dire l'idée selon laquelle aucune religion ne serait supérieure à toutes les autres.
            L'esprit de tolérance fait partie des valeurs affichées par la franc-maçonnerie. La spiritualité étant omniprésente autant dans le symbolisme que dans la démarche philosophique sur laquelle repose l'ensemble de la franc-maçonnerie, la très grande majorité des loges (sauf en France qui est une exception) requiert la croyance en un « Être Suprême » ou « Grand Architecte de l'Univers ». Mais le terme de « Grand Architecte » peut être interprété de façon très diverse d'une loge à l'autre. Il est parfois entendu de manière symbolique, en incluant des visions traditionnelles de « Dieu » ou de la Nature, dans le sens de Baruch Spinoza et Goethe, ou des visions athées de « réalité ultime », ou d'unité cosmique comme on peut en trouver dans certaines religions orientales et dans l'idéalisme occidental. D'autres loges, principalement nord-américaines, récusent les acceptions dérivées des religions naturalistes et humanistes.Depuis le début du XIXe siècle, certaines obédiences ont des exigences religieuses supplémentaires, comme le théisme ou la croyance en l'immortalité de l'âme. La franc-maçonnerie qui prédomine en Scandinavie accepte uniquement les Chrétiens.
Mais la franc-maçonnerie ne s’arrête pas là, elle prône également une philosophie progressiste et universelle, visible dans les projets qu’elle défend, et en totale contradiction avec l’esprit réactionnaire et ethnocentrique valorisée par l’Eglise catholique à l’époque, ce qui explique partiellement l’opposition farouche de cette dernière à la franc-maçonnerie.

In eminenti apostolatus specula est une bulle pontificale émise le 28 avril 1738 par Clément XII contre la Franc-maçonnerie. Quoique prononcée comme définitive (« constitution valable à perpétuité »), cette condamnation ne fut que la première d'une longue série, puisque pendant plus de deux siècles, pratiquement tous les successeurs de Clément XII l'ont reformulée.  Néanmoins, il faut bien se rappeler qu’au XVIIIème siècle, le parlement de Paris s’octroyait la liberté de refuser les bulles pontificales. Cela fut le cas, donc les condamnations suivantes ne furent pas appliquées en France. Voici cet édit :
Clément VII
« CLÉMENT, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,


À tous les fidèles de Jésus-Christ, salut et Bénédiction Apostolique.
Élevé par la divine Providence au plus haut degré de l’apostolat, tout indigne que Nous en sommes, selon le devoir de la surveillance pastorale qui Nous est confiée, Nous avons, constamment secouru par la grâce divine, porté notre attention avec tout le zèle de notre sollicitude, sur ce qui, en fermant l’entrée aux erreurs et aux vices, peut servir à conserver avant tout l’intégrité de la religion orthodoxe, et à bannir du monde catholique, dans ces temps si difficiles, les risques de troubles.
Nous avons appris, par la rumeur publique, qu’il se répand à l’étranger, faisant chaque jour de nouveaux progrès, certaines sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, appelés communément du nom de Francs-Maçons ou d’autres noms selon la variété des langues, dans lesquels des hommes de toute religion et de toute secte, affectant une apparence d’honnêteté naturelle, se lient entre eux par un pacte aussi étroit qu’impénétrable, d’après des lois et des statuts qu’ils se sont faits, et s’engagent par serment prêté sur la Bible, et sous les peines les plus graves, à couvrir d’un silence inviolable tout ce qu’ils font dans l’obscurité du secret.
Mais comme telle est la nature du crime qu’il se trahit lui-même en poussant des cris qui le font découvrir et le dénoncent, les sociétés ou conventicules susdits ont fait naître de si forts soupçons dans l’esprit des fidèles, que s’enrôler dans ces sociétés c’est, auprès des personnes de probité et de prudence, s’entacher de la marque de perversion et de méchanceté; car s’ils ne faisaient point de mal, ils ne haïraient pas ainsi la lumière; et ce soupçon s’est tellement accru que, dans plusieurs États, ces dites sociétés ont été, depuis longtemps déjà, proscrites et bannies comme contraires à la sûreté des royaumes.
C’est pourquoi, Nous, réfléchissant sur les grands maux qui résultent ordinairement de ces sortes de sociétés ou conventicules, non seulement pour la tranquillité des États temporels, mais encore pour le salut des âmes, et voyant que par là elles ne peuvent nullement s’accorder avec les lois civiles et canoniques; et comme les oracles divins Nous font un devoir de veiller nuit et jour en fidèle et prudent serviteur de la famille du Seigneur pour que ce genre d’hommes, tels des voleurs, ne percent la maison, et tels des renards, ne travaillent à démolir la vigne, ne pervertissent le cœur des simples et ne le transpercent dans le secret de leurs dards envenimés; pour fermer la voie très large qui de là pourrait s’ouvrir aux iniquités qui se commettraient impunément, et pour d’autres causes justes et raisonnables de Nous connues, de l’avis de plusieurs de nos vénérables frères Cardinaux de la Sainte Église Romaine, et de Notre propre mouvement, de science certaine, après mûre délibération et de Notre plein pouvoir apostolique,
Nous avons conclu et décrété de condamner et d’interdire ces dites sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules appelés du nom de Francs-Maçons, ou connus sous toute autre dénomination, comme Nous les condamnons et les défendons par Notre présente constitution, valable à perpétuité.
C’est pourquoi Nous défendons sévèrement et en vertu de la sainte obéissance, à tous et à chacun des fidèles de Jésus-Christ, de quelque état, grade, condition, rang, dignité et prééminence qu’ils soient, laïcs ou clercs, séculiers ou réguliers méritant même une mention particulière, d’oser ou de présumer, sous quelque prétexte, sous quelque couleur que ce soit, d’entrer dans les dites sociétés de Francs-Maçons ou autrement appelées, ni de les propager, les entretenir, les recevoir chez soi; ni de leur donner asile ou protection, y être inscrits, affiliés, y assister ni leur donner le pouvoir ou les moyens de s’assembler, leur fournir quelque chose, leur donner conseil, secours ou faveur ouvertement ou secrètement, directement ou indirectement, par soi ou par d’autres, de quelque manière que ce soit, comme aussi d’exhorter les autres, les provoquer, les engager à se faire inscrire à ces sortes de sociétés, à s’en faire membres, à y assister, à les aider et entretenir de quelque manière que ce soit, ou les conseiller: et Nous leur ordonnons absolument de se tenir strictement à l’écart de ces sociétés, assemblées, réunions, agrégations ou conventicules, et cela sous peine d’excommunication à encourir par tous les contrevenants désignés ci-dessus, ipso facto et sans autre déclaration, excommunication de laquelle nul ne peut recevoir le bienfait de l’absolution par nul autre que Nous, ou le Pontife Romain qui nous succèdera, si ce n’est à l’article de la mort.
Nous voulons de plus et mandons que les Évêques comme les Prélats supérieurs et autres Ordinaires des lieux, que tous les Inquisiteurs de l’hérésie fassent information et procèdent contre les transgresseurs, de quelque état, grade, condition, rang, dignité ou prééminence qu’ils soient, les répriment et les punissent des peines méritées, comme fortement suspects d’hérésie; car Nous leur donnons, et à chacun d’eux, la libre faculté d’instruire et de procéder contre lesdits transgresseurs, de les réprimer et punir des peines qu’ils méritent, en invoquant même à cet effet, s’il le faut, le secours du bras séculier.
Nous voulons aussi qu’on ajoute aux copies des présentes, même imprimées, signées de la main d’un notaire public, et scellées du sceau d’une personne constituée en dignité ecclésiastique, la même foi que l’on ajouterait aux présentes, si elles étaient représentées ou montrées en original.
Qu’il ne soit permis à aucun homme d’enfreindre ou de contrarier, par une entreprise téméraire, cette Bulle de notre déclaration, condamnation, mandement, prohibition et interdiction. Si quelqu’un ose y attenter, qu’il sache qu’il encourra l’indignation du Dieu Tout-Puissant, et des bienheureux apôtres S.Pierre et S.Paul. »
Clément XII accuse donc les maçons d’être populaires, de tenir leurs membres au secret et les menace de sanction telle que l’excommunication (cette menace fut en grande partie ignorée, ce qui témoigne de la perte d’influence de l’Eglise dans le monde d’alors). Il ordonne aux évêques, aux prêtres les plus haut placés, à tout le clergé ainsi qu’à l’Inquisition de punir les francs-maçons « des peines qu'ils méritent, à titre de gens très suspects d'hérésie, ayant recours, s'il y a lieu, à l'assistance du bras séculier ».  
Le cardinal Firrao, dans son édit de publication du 14 janvier 1739, craignant quelque fausse application, l'interpréta en ces termes :
« Que personne n'ait l'audace de se réunir, s'assembler ou de s'agréger, en aucun lieu, dans les susdites sociétés ou congrégations de Francs-Maçons, sous quelqu'autre titre ou voile que ce soit, ni de se trouver présent à de telles réunions ou assemblées, sous peine de mort, et d'encourir la confiscation de ses biens, irrémissiblement et sans espérance de grâce. »
Par le même édit, il était également défendu à tous propriétaires de recevoir des réunions maçonniques, sous peine de voir leurs maisons démolies ; il était ordonné à toutes personnes qu'on aurait engagées à se faire initier de dénoncer à Son Éminence et le nom des gens qui leur auraient fait cette proposition et les lieux où se tenaient les assemblées des maçons, à peine, pour les contrevenants, d'être frappés d'une amende de mille écus d'or et d'être envoyés aux galères.
Comme le montre l’extrait d’édit ci dessous du Cardinal Consalvi, la position de l’Eglise reste la même en  1814 sous Pie VII.
"Par ces dispositions on entend dire que, pour ce qui regarde la foi interne et les peines ecclésiastiques encourues par ces malheureux qui, pendant le laps de temps qui vient de s’écouler, auraient eu ou auraient à l’avenir, le malheur de faire partie, en quelque manière que ce soit, des agrégations et réunions maçonniques sus-désignées, Sa Sainteté les soumet entièrement et sans exception, aux peines et réglementations statuées par les constitutions susdites de ses prédécesseurs..."
Le droit de canon (la loi de l’Eglise catholique) fut modifié pour la dernière fois en 1983 par Jean-Paul II.
Canon 1374 : "Qui s'inscrit à une association qui conspire contre l'Église sera puni d'une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d'interdit."

L’absence de mention de la maçonnerie dans la réécriture du droit canon de 1983 semble permettre aux catholiques de rejoindre une loge maçonnique régulière. Mais l’Office de la congrégation sacrée pour la doctrine de la foi, dirigée par le cardinal Ratzinger (futur Benoit XVI) écrit en effet une clarification disant qu’il n’y a pas de changement et que les catholiques qui deviennent maçons sont en état de pêché grave et ne peuvent recevoir la sainte communion.

« Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. »

C’est donc une Eglise réactionnaire et apeurée par les idées novatrices de la franc maçonnerie qui s’oppose à elle, par le biais de textes pontificaux. L’Eglise catholique ayant eut un rôle appareillement au fil des ans, celle-ci peut émmetre des jugements de valeurs perçus comme des vérités géérales et adoptés par la majorité, car étant renforcée par la filiation de la maçonnerie du judaïsme. Il y a donc bien  un lien  entre le mythe et les relations de la maconnerie et de la culture judéo-chrétienne.

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